Parution d'Etudes caribéennes n° 29
Quotidiennement invoqués par les médias essentiellement pour désigner des événements du type "grève" ou "journée d’action syndicale" -dont ces mêmes médias peinent, d’ailleurs, à analyser les ressorts-, les mouvements sociaux gagnent à être appréhendés dans leur dimension strictement sociologique. La dernière livraison d' Etudes caribéennes s'intéresse au phénomène, et précisément à la part qu'y prend l'émotion en tant que levier de mobilisation des masses.
Dans l’éditorial de ce 29ème
numéro, le professeur Gilbert Elbaz retrace les phases successives qu'a connues
la définition de cette notion de « mouvement social » depuis le 19e siècle, période de référence et mètre étalon de la massification et des
passions industrielles.Guide incertain de la psychologie
et du comportement humain, l’émotion inquiète les théoriciens de l’époque. Quand
elle débouche sur l’organisation de mouvements collectifs, cette « aberration
dangereuse » ne peut être qu’une menace pour un ordre social qui n’a
pas lieu d’être critiqué puisqu’il est par nature juste et efficace.
Période d’événements culturels et
de révolutions géopolitiques majeurs, fertile en mouvements sociaux puissants, la décennie des
Sixties a symbolisé
un renversement d’approche : lorsqu'elle s'élève en réaction à un ordre du monde fauteur de troubles, l’émotion gagnerait en rationalité...
G. Elbaz nous démontre qu’il serait un peu court d’appréhender cette question à travers le prisme déformant d’une lecture droite-gauche : « Dans les années 1970, les sociologues de sensibilité marxiste ou néolibérale décidèrent de se débarrasser totalement de l’émotion (…) car selon eux, bien que l’insatisfaction fût omniprésente en société, elle ne causait que rarement l’envol de mouvements sociaux »…
G. Elbaz nous démontre qu’il serait un peu court d’appréhender cette question à travers le prisme déformant d’une lecture droite-gauche : « Dans les années 1970, les sociologues de sensibilité marxiste ou néolibérale décidèrent de se débarrasser totalement de l’émotion (…) car selon eux, bien que l’insatisfaction fût omniprésente en société, elle ne causait que rarement l’envol de mouvements sociaux »…
Pour illustrer la question de la mobilisation des masses dans toute sa variété contemporaine, Etudes Caribéennes s’est déployé sur plusieurs terrains d’observation. Du mouvement du LKP en janvier 2009 aux rassemblements
anti « mariage pour tous » de 2013 en Martinique, en passant par
certains types de rassemblements religieux aux États-Unis : plusieurs
chercheurs nous livrent ici un regard croisé sur l'origine, la signification et
la portée de tels mouvements "ici
et là, hier et aujourd'hui".
Sous la direction de Gilbert
Elbaz, Nadia Chonville, Steve Gadet, Dimitri A. Lasserre, Freddy Marcin, Philippe
Sadikalay, Christophe Zamord, Bénédique Paul et Hugues Seraphin sont les
différents contributeurs de ce numéro à ne pas manquer !
En lien avec cette vaste thématique des foules saisies par l'émotion, Manioc vous propose quelques illustrations évoquant l'affolante diversité des comportements collectifs à travers les ans. Les deux photographies reproduites ci-dessous sont extraites des collections en ligne de la Fondation Clément, partenaire de Manioc.
Extrait de "Manuel d'histoire d'Haïti "(1934) |
Extrait de "Voyages et découvertes de J. Creveaux" |
Manifestation ouvrière en Guadeloupe en 1910 |
extrait de " Histoire de la découverte et de la conquête de l'Amérique" |
Extrait de "France pittoresque ou Description, topographique et statistique des départements et colonies de la France" |
Départ du gouverneur Lepreux de Martinique en 1908 |
Vidéo sur Manioc
Les mouvements de janvier 2009. Table ronde à la BU Martinique, 2011
S.C
POA
POA
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