Le Traité de Tordesillas, conclu le 7 juin 1494, est l’aboutissement de plusieurs compromis visant à mettre un terme aux rivalités expansionnistes entre les royaumes du Portugal et d’Espagne. Celles-ci débutent à l’initiative d’Henri le Navigateur (3e fils de Jean Ier, roi du Portugal) qui, fort de sa devise « or, honneur et Evangile », se lance à conquête de Ceuta en 1415 depuis Sagres où il réside.
Les explorations méthodiques portugaises
Cette conquête ouvre la voie
portugaise à une exploration méthodique des côtes africaines qui s’accompagne
de la création de comptoirs de commerce où or, esclaves et épices contribuent à
enrichir le royaume portugais. Cet afflux de richesse provoque les convoitises
du royaume espagnol voisin qui, à plusieurs reprises, tente vainement de
s’implanter sur les nouvelles terres découvertes.
L’appropriation portugaise de ces terres est donc contestée au point de provoquer, en 1481, le premier arbitrage papal sous la forme de la Bulle Aeterni regis qui prévoit la cession des Iles Canaries à l’Espagne en échange de la reconnaissance des concessions portugaises en Afrique. Elle établit également un premier partage du monde selon un axe Nord Sud (attribué respectivement à l’Espagne et au Portugal). C’est dans ce contexte que Christophe Colomb propose au roi du Portugal Jean II d‘atteindre les Indes par l’Ouest en traversant la mer océane, comme était alors nommé l’Océan Atlantique.
Le pari hasardeux de Christophe Colomb
Le partage ibérique du monde
La rivalité luso-espagnole ressurgit quand Jean II réclame ces nouvelles terres au nom de la Bulle Aeternis regis. Mais si le Pape est infaillible, il n’en est pas moins mortel et Alexandre VI a succédé à Sixte IV en 1492. Le nouveau Pape est originaire d’Espagne et arbitre la nouvelle querelle en deux temps : d’abord en édictant la Bulle Inter Cætera le 4 mai 1493 qui prévoit le partage du monde selon, cette fois, un découpage longitudinal, les terres à l’Ouest des îles des Açores et du Cap-Vert reviennent à l’Espagne, celles à l’Est au Portugal.
Le Traité de Tordesillas est l’ultime négociation
de ce partage, le Portugal obtient en effet du Pape le déplacement de cette
ligne imaginaire de 370 lieues vers l’Ouest faisant ainsi du nouveau continent
un espace, non plus seulement espagnol, mais ibérique.
Mais bientôt Hollandais, Anglais, Français remettent en cause cet arbitrage et déploient sur ces nouvelles terres leur volonté de puissance.
CB
Pour aller plus loin :
Joachim Heinrich Campe, Histoire de la découverte et de la conquête de l'Amérique,
http://www.manioc.org/patrimon/FRA11046
Léon Bassière, Les origines de l'Entente cordiale : un épisode de la conquête des îles d'Amérique par les puissances européennes : 1625-1635,
http://www.manioc.org/patrimon/FRA12346
[Fac-similé de la lettre de Colomb], http://www.manioc.org/patrimon/ADG18139 |
Jean-Claude Carrière, La controverse de Valladolid. Arles : Actes Sud, 1999
Jean-Daniel Verhaeghe (réal.), La controverse de Valladolid. Paris : Koba Films vidéo, 2005
Sébastien Cabot, Carte de l'Amérique du Sud,
http://www.manioc.org/images/B_CG973FRAN_RES_004-10071_001_0005
http://www.manioc.org/images/PAP110640074i1
Le vaisseau de Christophe Colomb. D'après un bois gravé de la Lettre de Christophe Colomb, écrite de son bord le 15 février 1493 et imprimée à Bâle le 21 avril 1494
http://www.manioc.org/images/PAP110640307i1