mardi 25 mars 2014

Focus Manioc : Camille Mortenol

 Hommage au commandant Mortenol



Dans ce nouveau numéro de "Focus Manioc", nous avons choisi de rendre hommage à Camille Mortenol, officier supérieur guadeloupéen. 


Sosthène Héliodore Camille Mortenol est né à Pointe-à-Pitre, le 29 novembre 1859. Il est issu d'un milieu modeste, André, son père ancien esclave (libéré par rachat en 1847), exerçait le métier de voilier et sa mère, Julienne Toussaint, de couturière.
Le jeune Camille fait ses études à Basse-Terre, chez les frères Ploërmel et au collège diocésain. Brillant élève, il pu, grâce à une bourse, partir pour la France continuer ses études au lycée de Bordeaux pour y préparer le concours d'accès aux grandes écoles. Ayant réussi le concours, il entre à l'école Polytechnique, en octobre 1880.

A sa sortie à l’école Polytechnique en 1882, Camille Mortenol opte pour la Marine.  Affecté à Brest, il embarque de 1882 à 1883, sur la frégate Alceste, comme aspirant de 1ère classe pour suivre l'école de matelotage et de timonerie. Après cet apprentissage d'une année sur l'Alceste, Mortenol embarque à bord d'un cuirassé comme aspirant de 1ère classe.
A partir de juin 1884, il est envoyé comme aspirant sur l'aviso Bisson. Officier en second de la canonnière Capricorne de 1886 à 1887, il occupe les mêmes fonctions sur le ponton hôpital Alceste en Afrique de 1887 à 1889. Lieutenant de vaisseau, il commande le torpilleur Dehorter de la défense mobile de Cherbourg (1891-1892). Puis comme officier torpilleur sur le croiseur Cécille (1892-1893).
Mortenol participe à la campagne de guerre de Madagascar de 1896 à 1898.
Le 19 août 1895, il est fait chevalier de la légion d'honneur par le président Félix Faure à bord du Suffren.
De mai 1894 à mai 1898, il embarque comme officier en second sur le croiseur de 3e classe Fabert.
De retour en France après une mission, il s'inscrit à l’école des défenses sous-marines de Brest dont il sort breveté en décembre 1898. On lui confie alors, le commandement d'un torpilleur, le "176-219"Le 20 juin 1900, il reçoit le commandement de l'aviso de 2ème classe Alcyon, de la division navale de l'Atlantique. Puis il part pour l'Afrique et prend le commandement de la station locale du Congo français de 1900 à 1902.
Entre 1904 et 1909, il sert sur des navires de la division navale de l'Indochine dans la division de réserve de Saïgon. En 1908, on lui confie le commandement de flottilles de torpilleurs des mers de Chine. Il quitte l'Indochine en juillet 1909 pour regagner la France et obtient un congé pour sa blessure à la jambe. Cette date marque sa dernière mission maritime et sa dernière campagne de guerre coloniale. En juillet 1911, il est fait officier de la légion d'honneur et capitaine de vaisseau (septembre 1912).

Pendant la première guerre mondiale, Mortenol pensait occuper un poste important mais la réalité fut toute autre.
Le 5 juillet 1915, Mortenol se rend a Paris, car il est "désigné pour continuer ses services au camp retranché  de Paris". Point de commandement en vue pour Camille Mortenol, le rêve de conduire une flotte disparut.
En mai 1917, il est détaché de la marine et pourvu "d’un emploi de colonel de réserve d’artillerie" jusqu’à sa retraite, en mai 1919. Après la guerre, le 16 juin 1920, il est fait commandeur de la légion d’honneur au titre de colonel d’artillerie.

Camille Mortenol passe sa retraite à Paris, amer de ne pas avoir été honoré par la marine ou l’armée française. Il s’investit alors sur la question noire. Il milite au sein de la Ligue Universelle pour la Défense de la Race Noire, puis au Comité de la Défense de la Race Nègre et de la Ligue de la Défense de la Race Nègre de 1919 à 1936. Il se préoccupe du sort réservé à la fin de la guerre aux compatriotes militaires blessés ou isolés dans Paris.
En 1922, il occupera la fonction de président de l’association France-Colonies qui « vise à faire mieux connaitre les colonies dans la métropole, à resserrer les liens de solidarité (…) qui doivent unir les Français du continent à ceux d’Outre-mer. » Il s’engage également dans le mouvement nègre assimilationniste auprès de Gratien Candace et René Maran.

Le 22 décembre 1930, Camille Mortenol meurt à l’âge de 74 ans à Paris.



Documents liés à cette thématique à partir du catalogue collectif des périodiques Caraïbe-Amazonie et des documents anciens numérisés  : 


Si vous souhaitez approfondir vos connaissances sur Camille Mortenol, voici quelques ouvrages disponibles dans nos bibliothèques  :
  • Oruno Denis Lara, Mortenol, un colonisé exemplaire, L'Harmattan, 2010, 129 pages.
  • Oruno Denis Lara, Mortenol ou les infortunes de la servitude, L'Harmattan, 2001, 668 pages.
  • Oruno Denis Lara, Capitaine de vaisseau Mortenol, croisières et campagnes de guerre : 1882-1915, L'Harmattan, 2001, 442 pages.
  • Oruno Denis Lara, Le commandant Mortenol, un officier guadeloupéen dans la "Royale", Centre de recherches Caraïbes-Amériques, 1985, 275 pages.

Bonne lecture !
P.C.


Lien vers l'article : http://blog.manioc.org/2014/03/focus-manioc-camille-mortenol.html

jeudi 20 mars 2014

Journée mondiale du Conte

Manioc à l'heure du Conte...


A l'occasion de la Journée mondiale du Conte, la bibliothèque numérique Manioc vous propose de découvrir tous les documents quelle possède sur le conte (vidéos, articles et ouvrages) !


  • Georges Haurigot, Littérature orale de la Guyane française, Paris, E. Lechevalier, 1893, 37 pages.
    Dans cet ouvrage, vous trouverez 5 contes :
    "Le Nègre, l'Indien et le Blanc"
    "Le chien et le chat (Chien ké Chat) en prose"
    "Papa Tigre et papa Mouton"
    "Les trois œufs"
    "Adam et Eve"
  • Georges Haurigot, Contes nègres. Souvenirs de la Guyane française, Paris, Boivin & Cie, 1933, 137 pages.
    Dans cet ouvrage, vous trouverez 10 contes :
    "Contes à dormir debout"
    "Les mésaventures d'un tigre"
    "Comment capitaine coq gagna ses éperons et son plumet"
    "Le Blanc, L'Indien et le Nègre"
    "Le lion et le singe"
    "Le chien-crabier et l'Urubu"
    "Mossieu Lolotte"
    "La poule et le panier"
    "Histoire d'un tigre, d'une tortue et d'une demoiselle à marier"
    "Canaille mais habille"

  • Serge Denis, Trois siècles de vie française : nos Antilles, Paris, Maison du livre français, 378 pages.
    A partir de la page 307 de l'ouvrage, se trouve le conte de Gilbert de Chambertrand intitulé "Manzè Elodie". 


  • Hearn Lafcadio, Conte de Yé, Acoma, n° 3, 01-02-1972, p. 31-52.
  • Roland Suvedor, Yé et les malédictions de la faimAcoma, n°3, 01-02-1972, p. 52-70.

Si vous souhaitez approfondir vos connaissances sur le sujet, retrouvez un ancien article intitulé : "Contes et Musique dans la Cité".

Bonne lecture !
P.C.


Lien vers l'article : http://blog.manioc.org/2014/03/journee-mondiale-du-conte.html

lundi 17 mars 2014

Focus Manioc : Hégésippe Jean Légitimus

Conseiller général, Maire de Point-à-Pitre et Député de la Guadeloupe


Hégésippe Jean Légitimus
(1868-1944)

Photographie tirée de l'ouvrage de
Henri Adolphe Lara
Contribution de la Guadeloupe
à la pensée française : 1635-1935


En pleine période électorale, le nouveau numéro de Focus Manioc vous propose de découvrir un homme politique guadeloupéen : Hégésippe Jean LégitimusConseiller général, maire de Pointe-à-Pitre, député et fondateur du mouvement socialiste de la Guadeloupe, nous verrons comment cet homme, aux origines modestes, a su grimper les échelons de la société post-esclavagiste des XIXe et XXe siècles ? 


Né le 8 avril 1868 à Point-à-pitre, le jeune Hégésippe est issu d’un milieu modeste : fils d’un marin pêcheur  et d’une mère ouvrière d'habitation. 
A la mort de son père, perdu en mer en 1884, le jeune Hégésippe dit "Sonson" est élevé par son oncle dans les faubourgs de Point-à-Pitre. A force de sacrifices, son oncle parvient à le faire entrer au lycée de Pointe-à-Pitre. Il fait ainsi partie de la première promotion de Noirs à accéder au lycée. En 1888, il est exclu du lycée et ne peut achever ses études secondaires. La cause ? Une bagarre avec un répétiteur mulâtre. Le jeune Légitimus est intervenu pour défendre un ami, Anthony Abel, qui aurait reçu un coup de pied de cet enseignant.

Après cet épisode, Hégésippe Légitimus entre à l’Association des Amis des Noirs dirigés par Destreville Choulon. Par son charisme et son talent d’orateur, il en devient un des leaders. En 1891, il transforme cette association en un Comité de la Jeunesse Républicaine. Le 14 juillet 1891, le comité lance le journal Le Peuple. Ce journal avait pour but de "défendre les petits et humbles quels quelle que soit la couleur de peau". L’année suivante, le journal est remplacé durant quelques mois par Le Cri du peuple. Notons que Légitimus créa d'autres journaux pour lutter contre la misère et la pauvreté chez le "petit peuple", ainsi que pour soutenir la politique de Léon Blum et du gouverneur Félix Eboué : Schœlcher, La Fraternité, Le Front Populaire de la Guadeloupe et Le Phare Républicain.

C’est à partir des années 1890 qu’Hégésippe Jean Légitimus s’intéresse à la politique. En 1892, il est candidat aux élections municipales à Pointe-à-Pitre, mais il recueille peu de voix. Il est battu par le maire sortant de la commune de Pointe-à-Pitre : Armand Hanne. En 1893, il participe aux élections législatives et crée la surprise en obtenant plus de voix que son adversaire Auguste Isaac. Malheureusement au second tour, son adversaire l'emporte. En 1894, Légitimus est élu conseiller général du canton du Lamentin. L’année 1898 marque son triomphe, puisqu’il devient député, à l'âge de 30 ans.


Légitimus passe un accord avec un homme politique guadeloupéen Gaston Gerville-Réache et ses partisans républicains. Cette union porte ses fruits, car en 1898, il est élu président du conseil général de la Guadeloupe. Mais la discorde s'installe dans les deux camps, une scission est engagée. Pour faire face à cette situation Légitimus fait alliance avec Gérault-Richard, journaliste. Ensemble, ils fondent, en 1902, "L'Entente Capital-Travail". En 1904, il devient le maire de Point-à-Pitre.

Cette union va conduire au triomphe en 1908, puisque Gérault-Richard est élu en Basse-Terre et Légitimus en Grande-Terre. A cette période, on voit apparaître de nouvelles mesures en Guadeloupe : la laïcisation de l'école primaire, la création d'un hospice, des subventions diverses etc.

Malheureusement l'union entre les deux hommes se brise. Ainsi commence les années terribles de 1907 à 1912 qui conduisent à la mort de "l'Entente Capital-Travail", à l'isolement et à l'élimination de Légitimus en politique.

Portrait de M. Légitimus 
En effet, lors des élections cantonales, il est poursuivi par le procureur général dans une affaire de fraude électorale. L'année suivante,  il est condamné à deux ans d'emprisonnement et à cinq années de privation de ses droits civiques. Il se pourvoie en cassation et échappe à l'arrestation. Cet épisode lui vaudra une mauvaise réputation.
En 1912, il perd la mairie de Point-à-Pitre contre Achile René-Boisneuf. Isolé, affaibli du parti, délaissé par le prolétariat, déprimé par les procès et ses poursuites judiciaires, Légitimus décide de se retirer et de ne pas se représenter aux élections législatives de 1914.


En 1937, le président de la République, Albert Lebrun, nomme Légitimus chevalier de la Légion d'honneur. Le 29 novembre 1944, il meurt en France à Angles-sur-L'Anglin. Il sera enterré au cimetière du village. En 1947, le ministère des Colonies accepte de rapatrier le corps. Le lundi 31 mars 1947, la dépouille de Légitimus arrive par bateau. Il est exposé à la mairie de Basse-Terre, puis de Point-à-Pitre où eurent lieu les funérailles le 2 avril 1947.



Manioc vous propose plusieurs documents pour approfondir vos connaissances sur l'homme politique guadeloupéen :

Ouvrages numérisés :

  • Philippe Cherdieu, La rupture Gérault-Richard - Légitimus (1906-1907), Bulletin de la Société d'Histoire de la Guadeloupe, n°59, 01-01-1984, pages 109-134.
  • Florent Girard, Hégésippe Jean Légitimus : ou L'Apôtre de l'émancipation des Nègres de Guadeloupe, Point-à-Pitre, éditions Jasor, 2005, 110 pages.
  • Jean-Pierre Sainton, Les nègres en politique : couleur, identités et stratégies de pouvoir en Guadeloupe au tournant du siècle, Tomes 1 et 2, Thèse de doctorat en Histoire, Université de Provence (Aix-Marseille 1), Faculté des lettres et sciences humaines, 1997.
  • Philippe Cherdieu, La vie politique en Guadeloupe, l'affrontement Boisneuf-Légitimus, 1898-1914, Tomes 1 et 2, Thèse de doctorat, Histoire, Paris, Institut d'Etudes Politiques, 1981.

Bonne lecture !
C. P.

Lien vers l'article : http://blog.manioc.org/2014/03/focus-manioc-hegesippe-jean-legitimus.html

samedi 8 mars 2014

08 mars : journée de la Femme !

Hommage Manioc


Image tirée de l'ouvrage
"Chez nos Indiens ..."


En cette Journée Internationale de la Femme, Manioc vous propose des documents rédigés par des femmes, mais également des documents parlant de la femme dans nos territoires.



Ouvrages numérisés



  • Clara Palmiste et Nadine Lefaucher, Les violences envers les femmes dans la Caraïbe : législations et données statistiques, Pouvoirs dans la Caraïbe : revue du Centre de recherche sur les pouvoirs locaux dans la Caraïbe, n° 17, 2010, p. 21-42.
  • Julio Finn, La négresse absente : la femme de Baudelaire, Portulan : littératures, sociétés, cultures des Caraïbes et des Amériques noires, n°1, 01-02-1996, p. 227-234.
  • Léo Elisabeth, Europe, Afrique, Nouveau monde : femmes d'antan, Les Annales des Antilles : bulletin de la Société d'histoire de la Martinique, n°27, 1988, p. 76-96.
  • Henry PetitJean Roget, Les femmes caraïbes : lecture comparée des chroniques françaises du XVIIe et du XVIIIe siècles sur les Petites Antilles, Bulletin de la Société d'histoire de la  Guadeloupe, n°109, 01-07-1996, p.45-69.
    Image tirée de l'ouvrage :
    "Géographie complète
    et universelle
    "
  • Stéphanie Bérard et Gaël Octavia, Gaël Octavia : une écriture de la femme antillaise qui a grandi au contact d'autres femmes antillaises, Africultures, n°80-81, 01-05-2010, p. 247-253.
  • Céline Ronsseray, Entre pouvoir, argent et traditions familiales : le rôle des femmes dans l'ascension sociale des administrateurs coloniaux en Guyane française au XVIIIe siècle, Les Cahiers de l'Outre-mer : revue de géographie de la Faculté des lettres de Bordeaux et par la Société de géographie de Bordeaux, n°358-359, 2008, p. 187-204.
  • Georges Desportes, Figures : Une grande dame créole de la Martinique. Portrait de Madame Tardon (1913-1989), Les Cahiers du patrimoine : revue trimestrielle éditée par le Bureau du Patrimoine du Conseil Régional de la Martinique, n° 7 et 8, 01-01-1990.
  • Monique Ebion, Être une femme libérée, c'est pas si facile, Carbet : revue martiniquaise de sciences sociales, n°6, 1986, p. 39-43.
  • Yolaine Parisot, Le moi féminin, une particularité de la littérature des Caraïbes, Cultures sud, n° 168, 01-03-2008, p. 192-201.
  • Sylvie Chalaye, Le théâtre de Gerty Dambury : un marronnage  au féminin, Africultures, n° 80 à 81, 01-05-2010, p. 231-237.


Dans Etudes & Recherches, retrouvez des articles rédigés par des femmes : 





Je vous propose de découvrir ou redécouvrir différents articles sur le sujet : "Journée Internationale de la Femme", "Femmes dans la Caraïbe"



Bonne journée !
P.C.


Lien vers l'article : http://blog.manioc.org/2014/03/08-mars-journee-de-la-femme.html