Hommage au commandant Mortenol
Dans ce nouveau numéro de "Focus Manioc", nous avons choisi de rendre hommage à Camille Mortenol, officier supérieur guadeloupéen.
Sosthène Héliodore Camille
Mortenol est né à Pointe-à-Pitre, le 29 novembre 1859. Il est issu d'un milieu
modeste, André, son père ancien esclave (libéré par rachat en 1847), exerçait
le métier de voilier et sa mère, Julienne Toussaint, de couturière.
Le
jeune Camille fait ses études à Basse-Terre, chez les frères Ploërmel et au
collège diocésain. Brillant
élève, il pu, grâce à une bourse, partir pour la France continuer ses études au
lycée de Bordeaux pour y préparer le concours d'accès aux grandes écoles. Ayant
réussi le concours, il entre à l'école Polytechnique, en octobre 1880.
A
sa sortie à l’école Polytechnique en 1882, Camille Mortenol opte pour la Marine.
Affecté à Brest, il embarque de 1882 à 1883, sur la frégate Alceste, comme aspirant de 1ère
classe pour suivre l'école de matelotage et de timonerie. Après
cet apprentissage d'une année sur l'Alceste, Mortenol embarque à bord
d'un cuirassé comme aspirant de 1ère classe.
A
partir de juin 1884, il est envoyé comme aspirant sur l'aviso Bisson. Officier en second de
la canonnière Capricorne de 1886 à 1887, il occupe les mêmes fonctions sur le
ponton hôpital Alceste en Afrique de 1887 à 1889. Lieutenant
de vaisseau, il commande le torpilleur Dehorter de la défense mobile de Cherbourg
(1891-1892). Puis comme officier torpilleur sur le croiseur Cécille (1892-1893).
Mortenol participe à la campagne de guerre de Madagascar de 1896 à 1898.
Le
19 août 1895, il est fait chevalier de la légion d'honneur par le
président Félix Faure à bord du Suffren.
De
retour en France après une mission, il s'inscrit à l’école des
défenses sous-marines de Brest dont il sort breveté en décembre 1898. On lui
confie alors, le commandement d'un torpilleur, le "176-219". Le
20 juin 1900, il reçoit le commandement de l'aviso de 2ème classe Alcyon, de la division navale
de l'Atlantique. Puis
il part pour l'Afrique et prend le commandement de la station locale du Congo
français de 1900 à 1902.
Entre
1904 et 1909, il sert sur des navires de la division navale de l'Indochine dans
la division de réserve de Saïgon. En
1908, on lui confie le commandement de flottilles de torpilleurs des mers
de Chine. Il quitte l'Indochine en juillet 1909 pour regagner la France et
obtient un congé pour sa blessure à la jambe. Cette date marque sa dernière
mission maritime et sa dernière campagne de guerre coloniale. En
juillet 1911, il est fait officier de la légion d'honneur et capitaine de
vaisseau (septembre 1912).
Pendant
la première guerre mondiale, Mortenol pensait occuper un poste important mais la
réalité fut toute autre.
Le 5 juillet 1915, Mortenol se rend a Paris, car
il est "désigné pour continuer ses
services au camp retranché de Paris". Point de commandement en vue pour Camille Mortenol, le rêve de
conduire une flotte disparut.
En
mai 1917, il est détaché de la marine et pourvu "d’un emploi de colonel de réserve d’artillerie" jusqu’à sa
retraite, en mai 1919. Après la guerre, le 16 juin 1920, il est fait commandeur
de la légion d’honneur au titre de colonel d’artillerie.
Camille Mortenol
passe sa retraite à Paris, amer de ne pas avoir été honoré par la marine ou l’armée
française. Il s’investit alors sur la question noire. Il milite au sein de la Ligue Universelle pour la Défense de la Race Noire, puis au Comité de la Défense de la Race Nègre et de la Ligue de la Défense de la Race Nègre de 1919
à 1936. Il se préoccupe du sort réservé à la fin de la guerre aux compatriotes
militaires blessés ou isolés dans Paris.
En
1922, il occupera la fonction de président de l’association France-Colonies qui
« vise à faire mieux connaitre les colonies
dans la métropole, à resserrer les liens de solidarité (…) qui doivent unir les
Français du continent à ceux d’Outre-mer. » Il s’engage
également dans le mouvement nègre assimilationniste auprès de Gratien Candace
et René Maran.
Le
22 décembre 1930, Camille Mortenol meurt à l’âge de 74 ans à Paris.
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Documents liés à cette thématique à partir du catalogue collectif des périodiques Caraïbe-Amazonie et des documents anciens numérisés :
- Jacques Dumont, Mouvements de jeunesse, activités physiques et sportives et première guerre mondiale, Bulletin de la Société d'Histoire de la Guadeloupe, n°129, 01-07-2001, p. 61-82.
- Henri Adolphe Lara, Contribution de la Guadeloupe à la pensée française : 1635-1935, Paris, Jean Crès, 1936, 301 pages.
Si vous souhaitez approfondir vos connaissances sur Camille Mortenol, voici quelques ouvrages disponibles dans nos bibliothèques :
- Oruno Denis Lara, Mortenol, un colonisé exemplaire, L'Harmattan, 2010, 129 pages.
- Oruno Denis Lara, Mortenol ou les infortunes de la servitude, L'Harmattan, 2001, 668 pages.
- Oruno Denis Lara, Capitaine de vaisseau Mortenol, croisières et campagnes de guerre : 1882-1915, L'Harmattan, 2001, 442 pages.
- Oruno Denis Lara, Le commandant Mortenol, un officier guadeloupéen dans la "Royale", Centre de recherches Caraïbes-Amériques, 1985, 275 pages.
Bonne lecture !
P.C.
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