Présentation de la revue Nitassinan
Nitassinan : notre
terre. D’emblée les rédacteurs de la revue publiée par le Comité de Soutien
aux Indiens des Amériques (CSIA) ont placé au cœur de leur réflexion militante
la question fondamentale de la spoliation des terres, orchestrée par les
pouvoirs coloniaux de l’Alaska à la "Tierra del fuego".
Un témoignage des
mobilisations politiques et sociales amérindiennes
Créée en 1978, Nitassinan
prend le parti de défendre les luttes politiques des Amérindiens partout où
elles éclosent sur le continent, elle désigne clairement les peuples
autochtones comme figure de la résistance à l’ordre colonial. Cette revue a donc
accompagné le "réveil indien" des années 1970 symbolisé notamment par
les mobilisations de Wounded Knee en 1973 aux États-Unis, l’insurrection
zapatiste du Chiapas en 1994 ou encore l’accession du syndicaliste Evo Morales à
la Présidence de la République de Bolivie en 2006.
Nitassinan témoigne
en somme d’une reconnaissance des peuples amérindiens, passés de la marginalisation
sociale et politique, le plus souvent violente, à une certaine centralité dans
nombre d’États
latino-américains. C’est un autre mérite de la revue dirigée par Marcel Canton
que d’avoir su exposer le caractère à la fois populaire et identitaire des luttes
amérindiennes. La radicalité de la critique sociale amérindienne s’est en effet
nourrie d’un attachement viscéral à la tradition sans pour autant verser dans
un culturalisme étroit.
Les peuples autochtones de Guyane et la France
A ce titre, cette publication trouve naturellement sa place
dans la bibliothèque Manioc où l’histoire culturelle et politique des populations
caribéennes et amazoniennes tient une place essentielle. Nous mettons à la
disposition de nos lecteurs le numéro 4 daté de 1985 consacré aux Peuples indiens de "Guyane française".
Les guillemets choisis par les rédacteurs se lisent comme un abus de langage et résument assez bien l’orientation générale de la publication. Les principes républicains sont ainsi sous le feu de la critique et, dans cette mise en question, les pratiques assimilationnistes sont vigoureusement dénoncées. L’universalisme de la République est-il synonyme d’acculturation forcée ? La République une et indivisible peut-elle accueillir en son sein les cultures amérindiennes de Guyane tout en respectant leur intégrité ?
Les guillemets choisis par les rédacteurs se lisent comme un abus de langage et résument assez bien l’orientation générale de la publication. Les principes républicains sont ainsi sous le feu de la critique et, dans cette mise en question, les pratiques assimilationnistes sont vigoureusement dénoncées. L’universalisme de la République est-il synonyme d’acculturation forcée ? La République une et indivisible peut-elle accueillir en son sein les cultures amérindiennes de Guyane tout en respectant leur intégrité ?
Nitassinan nous propose
des réponses à l’aune de son engagement anti-colonial.
Pour aller plus loin :
- Yves Géry, Alexandra Mathieu et Christophe Gruner, Les abandonnés de la République : vie et mort des Amérindiens de Guyane française, Albin Michel, 2014, 352 pages.
- Eduardo Galeano, Les veines ouvertes de l'Amérique latine : une contre-histoire, Pocket, 1993, 447 pages.
- Élise Marienstras, La résistance indienne aux États-Unis : XVIe-XXIe siècle, Gallimard, 2014, 349 pages.
Les 41 numéros de la revue Nitassinan sont désormais accessibles sur Manioc.org > cliquez-ici.
Bonne lecture !
C.B.