mercredi 28 novembre 2012

Solitude

Le 29 novembre marquera le deux-cent-dixième anniversaire de la mort de la mulâtresse Solitude



Solitude... Un nom étrange pour une héroïne de la résistance collective et du marronnage guadeloupéen


Née du viol subi par sa mère sur le bateau d'esclaves qui l'emmenait en Guadeloupe, devenue nègre marron à l'adolescence, elle s'illustra en chef de lutte et en maîtresse femme aux côtés de Delgrès, en 1802, après le rétablissement de l'esclavage par Napoléon. Elle fut exécutée le 29 novembre de la même année, au lendemain de son accouchement : l'opportunité de disposer d'un futur esclave n'était pas à négliger...

La question du nom et de l'identité chez Solitude, peu ou pas abordée par l'historiographie guadeloupéenne,
est soumise à l'analyse éclairante du mémoire de maîtrise soutenu à  l'UAG en 1997 par Francesca Faithful, sous la direction de Roger Toumson, "La problématique de la quête identitaire dans la Mulâtresse solitude": "Ayant été acquise à l'idée que sa mère l'a trahie, elle décide de se baptiser du nom de Solitude" (p.30). "Solitude n'est pas un nom, c'est un surnom, une métaphore, une allégorie à la fois de l'exil et de l'abandon". Solitude se nomma d'abord Rosalie, "de sa naissance au marronnage de sa mère", avec laquelle elle vécut les huit premières années de sa vie.


Si les livres d'histoire continuent de n'accorder qu'une place très discrète, voire inexistante à Solitude, les pouvoirs public, aux Antilles et en France, ont à cœur, depuis quelques années, d'honorer et de célébrer le souvenir de cette combattante de la liberté. Depuis 1999, aux Abymes, une statue se dresse fièrement au carrefour de Lacroix, sur le bien nommé boulevard des Héros. 


A Bagneux, en région parisienne, la municipalité a inauguré en 2007 un monument commémoratif conçu par Nicolas Alquin. Quant au ministère de l'Intérieur, lira-t-on sous le même lien, il a lui aussi baptisé de ce nom incertain l'une des salles de réunion de l'Hôtel de Beauvau, siège de ses services...


A lire (disponible à la Bibliothèque de l'Université des Antilles et de la Guyane) :

La mulâtresse Solitude : roman / André Schwarz-Bart. Seuil, 1996

La problématique de la quête identitaire dans la Mulâtresse solitude /  Francesca Faithful. Mémoire de maîtrise en littératures et civilisations de la Caraïbe et des Amériques Noires, sous la dir. de Roger Toumson,  Université des Antilles et de la Guyane, 1997

L'expérience de la solitude chez les héroïnes de Pluie et vent sur Télumée Miracle, de Simone Schwarz-Bart et de La mulatresse Solitude d'André Schwarz-Bart / Cindy Emica, Mémoire de maîtrise en lettres modernes, sous la dir. de Roger Toumson, Université des Antilles et de la Guyane, 2006

Les soeurs de Solitude : la condition féminine dans l'esclavage aux Antilles du 17è au 19è siècle / Arlette Gautier. Presses Universitaires de Rennes, 2010

Reines d'Afrique et héroïnes de la diaspora noire / Sylvia Serbin.  Ed. Sépia, 2004

A écouter :
La mulâtresse Solitude. Rencontre avec Simone Schwar-Bart.  Emission "Ouvert la nuit",    France Inter, 7 décembre 2011

POA



Lien vers l'article : http://blog.manioc.org/2012/11/le-29-novembre-marquera-le-deux-cent.html

lundi 26 novembre 2012

Soirée littéraire à la Bibliothèque Schœlcher

L'œuvre de Suzanne Dracius à l'honneur

Iconographie de la Bibliothèque Schœlcher
tirée de l'ouvrage  "Madinina, Reine des Antilles"


Une soirée littéraire et poétique est organisée autour de l'œuvre de Suzanne Dracius et de sa traduction. Venez nombreux le mercredi 28 novembre à partir de 18h30 à la Bibliothèque Schœlcher. Au côté de l'écrivaine, retrouvez deux intervenants : le professeur Nancy Naomi Carlson et le comédien et poète Patrick Mathelié-Guinlet.








Suzanne Dracius


Professeur de Lettres classiques, Suzanne Dracius a enseigné à Paris, à L'Université des Antilles et de la Guyane et aux Etats-Unis (University of Georgia, Ohio University).
Auteur d'un roman, "L'Autre qui danse", de plusieurs nouvelles dont, "De sueur, de sucre et de sang", "Rue Monte au ciel", d'une pièce de théâtre, "Lumina Sophie dite Surprise", d'ouvrages de jeunesse et de poèmes comme "Exquise déréliction métisse".
Elle est également la coordinatrice d'anthologies d'inédits dont
"Hurricane, cris d'insulaires".
En 2010, elle reçoit le prix de la Société des Poètes Français pour l'ensemble de son œuvre.








Notons qu'en 2012, Suzanne Dracius participe aux côtés de Patrick Mathelié-Guinlet à la nouvelle traduction française et à la graphie créole du roman de Lafcadio Hearn : "Youma".

Vous pouvez retrouver sur Manioc, quelques romans de Lafcadio Hearn en ligne :






 PC.







Lien vers l'article : http://blog.manioc.org/2012/11/soiree-litteraire-la-bibliotheque.html

vendredi 23 novembre 2012

Joseph Anténor Firmin

Hommage rendu à un grand intellectuel haïtien 

 

 

Le saviez-vous ? Depuis le 30 mars dernier, la ville de Fort-de-France a baptisé les deux allées des kiosques de la Savane. L'une d'elles porte le nom d'un célèbre intellectuel haïtien : Joseph Anténor Firmin.

 
Auteur de l'ouvrage De l'égalité des races humaines, anthropologie positive que vous pouvez retrouver en ligne sur Gallica, Manioc a voulu mettre à l'honneur cet homme et ses œuvres pour son combat contre les inégalités raciales.





Quelques mots sur Joseph Anténor Firmin

Joseph Anténor Firmin
(1850-1911)

Homme politique, écrivain, enseignant, Joseph Anténor Firmin a contribué toute sa vie durant à combattre les inégalités. D'origine modeste, il a très tôt travaillé. Dès l'âge de 17 ans, il débute à la maison de commerce Stapenhorst où il apprend la comptabilité et toutes les questions touchant aux finances. Puis, il devient enseignant et inspecteur des Écoles de la circonscription du Cap. 

Très engagé en politique, il fonde le journal le messager du nord, organe des idées libérales d'Edmond Paul et Boyer Bazelais. L'année suivante, il échoue à la course à la députation. En 1883, il est envoyé à Caracas par le président Lysius Félicité Salomon pour les fêtes du centenaire de Bolivar. Mais il refuse d'entrer dans ce ministère et s'exile à Saint-Thomas, puis se rend à Paris, où, soutenu par Louis-Joseph Janvier, il devient membre de la Société d'Anthropologie de Paris. Choqué des théories qui avaient cours à l’époque et qui affirmaient l’infériorité native de la race noire, Anténor Firmin publie en 1885 De l’égalité des races humaines, anthropologie positive, ouvrage réhabilitant la grandeur historique de la race noire depuis l’Égypte jusqu'à Haïti en réaction à l'Essai sur l'inégalité des races humaines, de Joseph Arthur de Gobineau (1854).

En 1889, il est nommé par le président Florvil Hyppolite Ministre des Finances et des relations extérieures. Il s’y distingue par ses compétences et par sa réorganisation des administrations des douanes et de la banque nationale. 
En 1891, il quitte le cabinet et part pour la France où il publie Haïti au point de vue politique, administratif et économique

 De retour en Haïti, il rencontre le cubain en exil, José Martí et évoque le projet d'un "confédération antilléenne". A Paris, il prend contact avec les milieux latino-américains, tout en s'intéressant à la question du panafricanisme.

En 1898, il publie Diplomate et diplomatie : lettre ouverte à M. Solon Ménos
En 1900 il est nommé ministre plénipotentiaire à Paris. Et rentre en 1902 en Haïti au moment de la chute du président Sam. 

En 1905, il publie un programme politique intitulé "Monsieur Roosevelt, président des Etats-Unis et la République d'Haïti".
L’élection du président Antoine Simon ne permettent pas à Anténor Firmin de reprendre une carrière politique. Il est envoyé comme  ministre à Cuba et à Londres. Firmin s’installe à Saint-Thomas et publie "Les lettres de Saint Thomas. Études sociologiques, historiques et littéraires".

En 1911, l'année de sa mort, il publie une réflexion testamentaire sur Haïti intitulé "L'effort dans le mal".


Sur Manioc : 


Si vous souhaitez approfondir vos connaissances sur Joseph Anténor Firmin, voici quelques ouvrages intéressants :

  • Géloin Ghislaine, De l'égalité des races humaines (anthropologie positive), Paris, L'Harmattan, 2003, 407 pages.
  • Manigat Leslie F., Anténor Firmin : les moments d'une vie, les temps forts d'une doctrine et d'une pratique politiques, Bibliothèque Nationale d'Haïti, 2012, 55 pages.
  • Pompilus Pradel, Anténor Firmin par lui-même le champion de la négritude et de la démocratie haïtienne, Port-au-Prince, Ed. Pegasus, 115 pages.
  • Pean Marc, L'illusion héroïque, Haïti, Henri Deschamps, 1987, 183 pages.
  • Pean Marc, L'échec du firminisme, Haïti, Henri Deschamps, 1987, 181 pages.

Retrouvez dans la revue d’Anthropologie et d'histoire des arts : Gradhiva, un article de Carolyn Fluehr-Lobban, un article sur "Anténor Firmin and Haiti’s contribution to anthropology (Anténor Firmin et sa contribution à l’anthropologie haïtienne)".

Bonne lecture ! 
C.P.

Lien vers l'article : http://blog.manioc.org/2012/11/joseph-antenor-firmin.html

lundi 19 novembre 2012

Rencontres caribéennes de l'Oralité au Domaine de Fonds Saint-Jacques

 

Unité et diversité du conte en créole de la Caraïbe 

 

 

 

 

Du 21 novembre au 2 décembre 2012,  le centre culturel de Rencontre de Fonds Saint-Jacques vous propose une riche programmation autour "des Rencontres caribéennes de l'Oralité". Un espace privilégié de rencontre et de réflexion est organisé autour de la diversité des formes d'expressions artistiques et culturelles de l'oralité dans la Caraïbe.

 

Le Conte et la Parole seront mis à l'honneur. Ce projet a pour objectif de faire dialoguer les différentes traditions du conte en créole dans l'espace caribéen (Haïti, Sainte-Lucie, Guadeloupe, Martinique et la Dominique). 



Venez nombreux aux cycles de conférences, workshop et concerts pour étudier le conte, les mythes et les pratiques rituelles, de faire la généalogie, d'en définir la morphologie et de dresser une typologie des contes créoles dans la Caraïbe.






Pour plus d'informations, regardez le programme !



Bonne saison culturelle!

PC.


Lien vers l'article : http://blog.manioc.org/2012/11/rencontres-caribeennes-de-loralite-au.html

L'esclavage, du souvenir à la mémoire

Vient de paraître

Christine Chivallon, anthropologue et géographe, spécialiste de la Caraïbe, nous livre son dernier ouvrage.
Une étude anthropologique de grande envergure sur la mémoire, autour de deux approches : celle du soupçon politique (victimisation, instrumentalisation, surenchère) et celle du doute anthropologique (fragilité, absence, vide). 


Fruit d'un travail de terrain entamé en Martinique en 2003 sur l'Insurrection du Sud de 1870, Cet ouvrage interroge les traces et chemins chaotiques de la mémoire de l'esclavage, sa place dans la sphère publique... 

Avec précaution et conscience de la subjectivité du chercheur, Christine Chivallon tord, triture, dépasse les conventions et normes pour nous livrer une interprétation nourrie par des courants, disciplines, chercheurs, écrivains (...) d'une grande diversité (postcolonialisme, antillanité, créolité...).
Achetez l'ouvrage

Du même auteur

L'esclavage. Du souvenir à la mémoire, Paris, Karthala, 560p., 2012.
The Black Diaspora of the Americas. Experiences and Theories out of the Caribbean, Kingston, Ian Randle Publishers, 2011.
"Les diasporas dans le monde contemporain. Un état des lieux", édité par W. Berthomières et C. Chivallon, Paris, Editions Karthala, en co-édition avec la Maison des Sciences de l'Homme d'Aquitaine, Pessac, 2006.
“ La diaspora noire des Amériques . Expériences et théories à partir de la Caraïbe”, CNRS Éditions, 258 p., 2004.
"Discours scientifiques et contextes culturels : géographies britanniques et françaises à l'épreuve postmoderne”, édité par C. Chivallon, P. Ragouet, M. Samers, Pessac, Éditions de la Maison des Sciences de l'Homme d'Aquitaine, 1999.
"Espace et identité à la Martinique. Paysannerie des mornes et reconquête collective (1840-1960)”, 298 p., Paris, CNRS Éditions, 1998.

Consultez la page web de Christine Chivallon

En ligne sur Manioc
  
"La catégorie diaspora et son application au monde afro-américain" in Symposium international des jeunes chercheurs de la Caraïbe "Les diasporas du nouveau monde", 21-23 janvier 2010. Université des Antilles et de la Guyane, Faculté des Lettres et sciences humaines, campus de Schoelcher, Martinique.
Consultez en ligne l'intervention

Ecoutez les questions et le débat autour de l'intervention

AP 
 

Lien vers l'article : http://blog.manioc.org/2012/11/lesclavage-du-souvenir-la-memoire.html