jeudi 16 juin 2016

Le marronnage en Guyane

La vie de marrons en Guyane 



"Nègre rebelle"

A l'occasion de l'abolition de l'esclavage en Guyane, Manioc vous propose de découvrir des documents liés à l'une des formes de résistances à l'esclavage : le marronnage. 


Pour de nombreux historiens "la fuite de l'esclave est souvent liée à un moment de misère physique ou morale de l'esclave". Pour d'autres, "le retour à la liberté est le paramètre déterminant". Mais tous s'accordent à affirmer que le grand marronnage a existé surtout dans les territoires disposant d'un "hinterland" - un arrière pays - permettant aux esclaves de se réfugier dans des zones reculées difficiles d'accès pour les colons et les autorités. C'est le cas des îles de la Jamaïque, Cuba et des territoires comme le Surinam, le Guyana et la Guyane.
Le terme "marron", l'esclave qui s'enfuit de l'habitation est dérivé du mot espagnol "cimarron" signifiant fugitif et sauvage.
La première cause du marronnage est le désir de liberté. Mais il est également associé à d'autres raisons : les brutalités des maîtres, les vols, les disettes ...


En Guyane, il était très difficile pour les autorités de retrouver facilement les marrons à cause de la topographie du territoire (densité et profondeur de la forêt guyanaise). Celles-ci furent contraintes d'organiser des chasses aux marrons comme des opérations militaires. En effet, dès 1767, des milices blanches, ainsi que des "chasseurs de couleur" - des bataillons de chasseurs de Noirs", composés de soldats, d'habitants, de libres de couleur, d'auxiliaires amérindiens ou d'affranchis et même des esclaves se sont installées dans les quartiers de la colonie. S'ils réussissaient à en capturer, ils recevaient des outils, des fusils, des munitions, voir de l'argent. Pour les esclaves participant à la capture de marrons, ils pouvaient accéder à leur affranchissement.


Quelques dates du marronnage en Guyane :
  • 12 juillet 1696 : le gouverneur Pierre Eléonore de Férolles mentionne l'action d'un groupe de marrons ayant assassiné un Amérindien.
  • 3 avril 1700 : 50 esclaves de l'habitation de Gennes se révoltent, tuent plusieurs Blancs et se réfugient sur la Haute Comté. C'est l'une des premières révoltes d'esclaves de Guyane.
  • 1776 : des "Noirs marrons" ayant fui le Surinam se réfugient en Guyane.
"Chasseur d'esclaves"
Les marrons sont généralement réunis en bande dans la forêt et en amont des fleuves, notamment sur la Comté, le Tonnégrande, l'Oyapock, l'Approuague ou dans les hauteurs de la rivière de Kourou. Il se crée une véritable organisation, une entraide entre fugitifs : ils chassent, pêchent, plantent du manioc, où autres tubercules et cultures vivrières pour leurs besoins quotidiens. Et lorsqu' ils le peuvent, ils retournent dans les habitations se ravitailler en munitions, en armes, en outils (haches, marteaux, limes, platines à cassaves, chaudières à roucou par exemple) ou autres vivres. Ils changent souvent de campement à cause des chasseurs d'esclaves.

Quelques portraits de marrons de la Guyane française :


Le marron Gabriel
En 1712, l'indien ou le métis, Gabriel avec l'aide d'une poignée d'esclaves, font une incursion sur plusieurs habitations dans le but de se procurer des vivres et d'éventuelles recrues. Après une dénonciation, certains membres du groupe se font capturer, dont Gabriel, 2 femmes et 2 enfants. Mais Gabriel et quelques autres marrons s'échappent. Le nom de La Gabrielle est donné au territoire qui a abrité le campement de ce chef marron.

Le marron Pompée
Au XIXe siècle, un certain Pompée se constitue une communauté de marrons. Sa cavale dure près de 20 ans. Il s'enfuit avec sa femme Gertrude et d'autres esclaves d'une habitation située près de la rivière de Tonnégrande. Pourchassé par la troupe de Victor Hugues, il parvient à s'échapper à plusieurs reprises. Il va lutter contre les milices, changer à de nombreuses reprises de campements tels que Bois de fer, Jolie terre, Trace couleuvre, Trace biche, Trace cochon... Au cours de sa cavale, il rencontre d'autres marrons comme Simon et Charlemagne. Il va finir par établir un campement dans un lieu isolé appelé Maripa. Pompée sera capturé et arrêté sur le fleuve La Comté en 1822. Ramené à Cayenne, il est condamné à être pendu et étranglé. Mais à la surprise générale, le gouverneur Laussat décide de surseoir à l’exécution et annonce qu'il "sera recouru au Roi pour implorer sa clémence en faveur du coupable".  Pompée ainsi que ses compagnons sont graciés.

Le marron Linval 
En 1822, l'esclave bossale Linval part en marronnage. Avec l'aide de son compagnon, ils pillent plusieurs habitations.  En 1824, il est capturé et condamné par pendaison. Mais l'esclave préposé à sa pendaison refuse de le faire en disant "qu'il ne pendra pas un camarade, préférant être pendu lui-même". Le gouverneur Milius contrait un bourreau titulaire de l'exécuter : entre sa capture et son exécution il se passera 5 années.
"Le Capitaine J. G. Stedman"


Ainsi tout au long de la période esclavagiste, le marronnage est un phénomène récurrent en Guyane. Malgré les moyens pris par les autorités et les colons pour endiguer la fuite des esclaves, ceux-ci ne s'arrêteront pas à fuir, au péril de leur vie, dans des zones reculées de la forêt pour retrouver leur liberté.


Retrouvez sur Manioc plusieurs vidéos autour du marronnage en Guyane : 


Ouvrages numérisés : 


Pour aller plus loin :


Bonne lecture ! 
C.P.

Lien vers l'article : http://blog.manioc.org/2016/06/le-marronnage-en-guyane.html

16 commentaires:

Unknown a dit…

A real organization is created, mutual aid between fugitives: they hunt, fish, plant cassava, or other tubers and food crops for their daily needs. foundation contractors

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The influential Maroons, who were runaway ex-slaves who resided in Jamaica's mountains during the 18th century, carved out a sizable sphere of influence.

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The majority of the Maroons' needs were met by hunting and the prizes they received for capturing escaped slaves. The Maroons also bred cattle, hogs, and poultry. They continued to grow fruits and vegetables, nevertheless.

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Marron (French) and mawon (Haitian Creole), both of which mean "escaped slave," were the names given to enslaved Africans who escaped to isolated highland regions. The maroons lived in small, close-knit communities and engaged in hunting and agriculture. They had a reputation for going back to the plantations to release friends and family.

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However, the maroons were able to hunt, cultivate crops, and, in general, thrive on the larger islands. They elevated guerilla warfare by burning and assaulting plantations, as well as poisoning slavers, as more and more Africans fled and joined their ranks.

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" the escape of the slave is often linked to a moment of physical or moral misery of the slave ". For others, " the return to freedom is the determining parameter " This is literally true, no slave will escape if there's no misery and abused. But thanks for sharing this history to reveal what happened in the past. Check out! Spokane Heating and Cooling

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The term "maroon community" refers to a group of previously enslaved Africans and their descendants who were freed by escaping chattel slavery and hiding up in inaccessible highlands or thickly forested tropical areas close to the plantations.

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Jamaican Maroons are descended from Africans who founded free black settlements in the mountainous interior of the island, primarily in the eastern parishes, after emancipating themselves from slavery on the Colony of Jamaica.

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