lundi 13 mars 2017

Villes d’Art et d’Histoire en Guadeloupe : Pointe-à-Pitre

Un port déporté 



"Plan de Pointe-à-Pitre"
Source Gallica

Le blog Manioc vous propose de suivre deux exemples notoires d’implantations urbaines en Guadeloupe : Basse-Terre et Pointe à Pitre. D’abord forts, puis paroisses, découvrez une histoire de leur expansion et de leur patrimoine… Nous débutons ce deuxième numéro par la découverte de la ville de Pointe-à-Pitre.



L’origine de son nom crée aujourd’hui autant de disputes qu’en à créé il y a deux siècles et demi le choix du lieu de son établissement. Pointe-à-Pitre s’est finalement érigée autour de son atout majeur : sa rade.
L’ingénieur Payen entreprend la construction d’une batterie nommée "Fort Louis" à l’entrée de l’actuel "Bas-du-Fort", qui voit le jour en 1692. Quelques habitants s’installent peu après au pied de la structure : c’est la naissance du bourg de la Pointe-à-Pitre. Beaucoup s’accordent alors pour dire que le lieu est idéal pour établir une ville et plusieurs projets prennent naissance entre 1719 et 1737, alors que se développe l’activité des paroisses alentours : Gosier, Abymes et Petit-Cul-De-Sac.

Protégée des vents, la baie du Petit-Cul-de-Sac non loin de là, était déjà remarquée pour ses avantages nautiques et son mouillage facile. Cependant, on note aussi les avantages du Grand-Cul-De-Sac-Marin et ceux d’un bourg situé entre les deux, idéalement protégé par le Fort Louis. Mais la presqu’île sur laquelle elle commençait à naître ne se prêtait pas à un développement. C’est le projet de Houel en 1735 qui retient l’attention et voit se peaufiner par le gouverneur Cieu, sur la plaine Saint-Roch à l’est du fort. Mais rien n’aboutit avant l’arrivée des Anglais qui exploitent tout les avantages du lieu : très accessible en marée basse et protégée à marée haute, il a fallu peu de temps aux commerçants pour peupler la zone et tirer profit du système d’échange sans exclusif, sans plan particulier cependant.

Après le traité de Paris la même année, l’ordonnance du 24 mars 1763, a permis d’accélérer la création d’une ville qui pourrait devenir le chef-lieu de la colonie. Basse-Terre est alors décimée et les difficultés d’accès à son port motivent le gouverneur Boulamaque à agir. En 1764, une ordonnance porte établissement de la ville de Pointe-à-Pitre sur le "morne Renfermé" alors que des prémices existaient déjà à Carénage. C’est dans cette zone qu’il s’agit d’établir un port permettant d’affranchir la Guadeloupe de sa dépendance vis-à-vis de celui de Saint-Pierre, en Martinique.


"Plan de la ville de Pointe-à-Pitre, 1772"
Source Gallica
Le développement s’organise autour d’une place centrale et de deux grands axes bordés par des canaux : le chemin des Abymes et la rue du Carénage. Les grandes structures s’installent sur les endroits les plus élevés : hôpital, résidence du gouverneur et église. En 1767 et 1769 on opère la création d’un siège d’amirauté et le transfert de la sénéchaussée de Sainte-Anne, ainsi que la création d’autres axes rectilignes. Entre 1772 et 1780, on imagine jusqu’à 5 nouveaux plans pour l’expansion de la ville qui s’organise conformément aux autres villes coloniales du même siècle… jusqu’au grand incendie de 1780.

Du nouveau plan d’alignement qui en suit on note surtout les recommandations faites à de nouvelles constructions "en pierre" malgré la fragilité et l’instabilité du terrain, de nouveaux espaces de circulation (actuelles rues Nolivos, Frébault et Schœlcher) ainsi qu’une nouvelle place Royale, plus grande. Il s’agit également de doter la ville d’un palais de justice, prison et des magasins du Roi. Elle dispose ainsi de tous les atouts pour son développement. En 1782 elle est entièrement finie de reconstruire et en 1787, à l’aube de la Révolution, il ne reste plus qu’à y conduire l’eau.


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Revues en ligne : 

  • Anne Pérotin-Dumon, La ville aux îles, la ville dans l'île Basse-Terre et Pointe-à-Pitre, Guadeloupe, 1650-1820, Karthala, 2001.
  • Bruno Kissoun (dir.), Pointe à Pitre, urbanisme, et architecture religieuse, publique et militaire, XVIIIe-XIXe siècles, (par le service patrimonial de la ville de Pointe-à-Pitre), Jasor, 2008.
  • C. Thiébaut, Sur les ruines de la Pointe-à-Pitre, chronique du 8 février 1843, hommage à l'amiral Gourbeyre : recueil de documents et pièces officielles devant servir à l'histoire du tremblement de terre éprouvé par la Guadeloupe, Basse-Terre, décembre 1843 et mai 1844, Département de la Marine, Service historique de la Défense, Vincennes, manuscrit Ms 199-A1 et A2, L’Harmatthan, 2008.
  • Maison architecture Guadeloupe, Regards sur la ville, art architecture et citoyenneté dans la Caraïbe, PLB Editions, 2013.


Bonne lecture ! 
Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau numéro des Villes d'Art et d'Histoire en Guadeloupe (3)
A.S. 

Lien vers l'article : http://blog.manioc.org/2017/03/villes-dart-et-dhistoire-en-guadeloupe_13.html

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