mercredi 22 mars 2017

Villes d’Art et d’Histoire en Guadeloupe : XVIIIe - XIXe siècles

Deux rivages dérivants…

"Plan de Pointe-à-Pitre"
Source Gallica


Le blog Manioc vous propose de suivre deux exemples notoires d’implantations urbaines en  Guadeloupe : Basse-Terre et Pointe à Pitre. D’abord forts, puis paroisses, découvrez une histoire de leur expansion et de leur patrimoine…



Depuis 1766, il existe une route clairement tracée et fiable reliant Pointe-à-Pitre à Basse-Terre. Pourtant, les deux villes se développent l’une sans l’autre et ce dès l’éclatement de la Révolution… mais pas sans similarités : villes coloniales au XIXe siècle, elles subissent de multiples destructions et épidémies.

Ainsi, les révoltes d’esclaves au début des années 1790 et la prise de l’île par les Anglais en 1794 laissent les deux villes presque entièrement détruites à cause des incendies et de l’entretien négligé des lignes et postes de défense. Victor Hugues réussit à la reprendre cette même année et cette reconquête est aussi économique : l’abandon de l’exclusif est acté tant pour Basse-Terre que Pointe-à-Pitre. De par son activité commerciale revigorée et son rôle dans la préparation et l’armement des navires pour la reconquête des petites Antilles, le port de Pointe-à-Pitre prend alors son envol définitif, le plaçant au centre de la colonie en voie vers la prospérité !

Après la création du statut de commune sous la Révolution, la stabilité administrative retrouvée et améliorée par la création d’un préfet colonial en 1801, de grands travaux s’entament avec notamment un plan directeur pour Pointe-à-Pitre en 1806. Les guerres Napoléoniennes  y mettent un terme, drainant les moyens financiers… N’ayant pas eu le temps de renforcer les défenses de l’île, les Anglais en reprennent possession pendant les années 1810 et poursuivent les travaux de rénovation planifiés avant leur arrivée.

A leur départ définitif en 1816, on prévoit plusieurs accroissements vers les faubourgs pour une Pointe-à-Pitre presque entièrement rebâtie par l’occupant, afin qu’elle s’étende non plus vers les Abymes au nord mais vers l’ouest. En 1830 alors que s’achève la construction des quais, on creuse le canal Vatable et des efforts sont faits sur la voirie durant toute la décennie, aidant à l’assainissement du centre-ville qui finit alors presque de prendre le visage qu’on lui connait. Du côté basse terrien, également bien reconstruit sous l’occupation, le gouverneur Lardenoy décide d’établir un hôpital au carmel en 1819 et quatre casernes un peu plus loin en 1921.

Touchée par 3 violents cyclones en 4 ans la ville n’est plus qu’une ruine en 1925. L’administration se réfugie sur les hauteurs de Saint-Claude, loin du chaos et des épidémies. Dès 1828 des travaux sont entrepris pour reloger le gouvernement, malheureusement sans fonds… En 1844, un grand incendie ravage le cours Nolivos. Afin de garantir un meilleur accès à la mer (autant pour prévenir les incidents que pour le commerce), on crée alors la place Nolivos. Il faut attendre presque 30 ans avant que la Municipalité se lance dans des travaux de canalisation afin de séparer l’eau propre et les eaux usées. La situation du côté pointois n’est pas meilleure : là où Basse-Terre en souffre peu, le séisme de 1843 révèle la précarité des faubourgs insalubres : en 1865 y prend naissance une des plus importantes épidémies de choléra des Antilles françaises, conduisant au décès de plus de 1300 personnes en quelques mois !

Contrairement aux habitations de Basse-Terre, Les maisons y sont basses et mal aérées, au même niveau que le sol boueux, à l’exception de l’hospice civil Saint-Jules (actuel centre Rémy Nainsouta), achevé en 1847, telle une lueur d’espoir à la veille de l’abolition …


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Sur le catalogue collectif des périodiques Caraïbe - Amazonie :
  • Yves Bénot, Documents concernant Victor Hugues en 1795, Bulletin de la société d'histoire de la Guadeloupe, n° 130, 01-10-2001, p. 47-62.
  • Léon Rameau DANQUIN, Chronologie indicative des évènements de la période 1794-1802, Études guadeloupéennes (Abymes), n° 8, 01-08-2003, p. 19-32.
  • Max  CHARTOL , La Guadeloupe au milieu du XIXe siècle. Problèmes économiques et sociaux, Bulletin de la Société d'histoire de la Guadeloupe, n° 19 à 20, 01-01-1973, p. 7-117. 
  • Gérard Lafleur, Basse-Terre et la mer, Bulletin de la Société d'histoire de la Guadeloupe, n° 160, 01-09-2011, p. 67-91.
  • Lucien Abénon, En marge du siège de 1759 en Guadeloupe : les mémoires du Gouverneur Nadau Du Treil, Bulletin de la Société d'histoire de la Guadeloupe, n° 27, 01-01-1976.
  • Marcel Chatillon, Trahison des royalistes guadeloupéens par les anglais, Bulletin de la Société d'histoire de la Guadeloupe, n° 106, 01-10-1995, p. 100-117.
  • Anne Pérotin-Dumon, La ville aux îles, la ville dans l'île Basse-Terre et Pointe-à-Pitre, Guadeloupe, 1650-1820, Karthala, 2001.
  • Bruno Kissoun (dir.), Pointe à Pitre, urbanisme, et architecture religieuse, publique et militaire, XVIIIe-XIXe siècles, (par le service patrimonial de la ville de Pointe-à-Pitre), Jasor, 2008.
  • Maison architecture Guadeloupe, Regards sur la ville, art architecture et citoyenneté dans la Caraïbe, PLB Editions, 2013.
  • R. Bélénus, Le Carmel, berceau de l’histoire de la Guadeloupe, Editions du signe, 2012.
  • M-E. Desmoulins (dir.), Basse-Terre, patrimoine d’une ville antillaise, (par le service régional de l’Inventaire général de la DRAC Guadeloupe), Jasor, 2006. 

Bonne lecture ! 
A.S.

Lien vers l'article : http://blog.manioc.org/2017/03/villes-dart-et-dhistoire-en-guadeloupe_22.html

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