A la faveur de l'attentat islamiste commis le 2 novembre sur le sol américain, voici que resurgissent, dans les tweets vengeurs de Donald Trump, le nom et la perspective de Guantánamo comme la destination punitive naturelle du criminel appréhendé, étape ultime avant la peine de mort à laquelle le même Trump – mais comment expliquer la séparation des pouvoirs en 140 signes ? – n'a pas manqué de promettre à ce dernier.
Après le 11 Septembre, George Bush fit de cette enclave
militaire américaine au Sud-Est de Cuba une prison hors la loi pour
"combattants islamistes", c'est-à-dire un non-lieu juridique échappant au
droit américain, placé hors de tout cadre légal et de toute procédure de
jugement. A sa suite, empêché par une opposition hostile, et peut-être aussi
par son manque de résolution sur ce dossier, Obama échoua à mener à bien son
projet de fermeture du site et le maintint en activité, sans toutefois y expédier
de nouveaux détenus.
Mais s'il évoque à nos mémoires saturées les épisodes les
plus saillants – et les plus saignants – du chaos international en cours, le nom de Guantánamo renvoie avant tout à l'antagonisme plus que
centenaire entre les États-Unis et Cuba, inscrit, à l'époque, dans une opposition
commune et partagée à la présence espagnole.
Le portrait ci-contre est celui, peu connu, du
"père" de Guantánamo, Tomàs Estrada Palma, noble figure de la guerre
des Dix Ans – premier acte de la révolution cubaine contre l'occupant espagnol,
entre 1868 et 1878 –, avant de s'illustrer comme l'hôte bienveillant d'un
"grand frère américain" aux tendances interventionnistes naturelles
et déjà soucieux de "liens spéciaux" avec son environnement immédiat.
En 1903, Tomàs Estrada Palma, en sa qualité de premier
président de la République de Cuba, signa le Traité sur les relations entre les États-Unis d'Amérique et la République de Cuba. Plus qu'un traité, une liste de concessions et
de renoncements ayant tous les dehors d'un chèque en blanc délivré aux USA.
L'article VII dit ceci : "Pour établir les conditions qui permettront aux
États-Unis de garantir l'indépendance de Cuba et de protéger son peuple, ainsi
que pour sa propre défense, le Gouvernement de Cuba cédera ou louera aux
États-Unis les terres nécessaires pour établir des bases navales ou
charbonnières en certains points déterminés qui seront convenus avec le
président des États-Unis." Si le nom de Guantánamo n''est pas cité
explicitement, un accord ultérieur, en date 16/23 février 1903, le mentionne
clairement. La prolongation des bases américaines sur l'île fut actée en 1934
par un second traité signé, côté américain, par l'ambassadeur Sterling (photo).
Mais, depuis 1959, pas plus facile pour l’État cubain de
recouvrer cette partie perdue de son territoire que de tirer quelque profit pécuniaire de cette occupation : il se dit que Castro, en signe de protestation, refusa
toujours d'encaisser les loyers afférents à cette location contrainte, comme l'explique cette source d'information.
Cet autre site de presse revient sur le "trou noir juridique" que constitue Guantánamo, non pas tant du fait de l'existence du centre de détention mais en raison de l'occupation abusive, par les États-Unis, d'une portion de territoire étranger...
A lire :
P.OA
A lire :
- Portraits tiré de Proceso histórico de la enmienda Platt (1897-1934), publié à La Havane en 1941.
- Traité de 1903 sur les relations entre les Etats-Unis d'Amérique et la République de Cuba, Université de Perpignan.
P.OA
1 commentaires:
Présentation et rappel très intéressants de l'origine historique de l'"accident" colonial appelé Guantanamo, mais vous semblez suggérer que les choses auraient pu être différentes avec l'élection de la dirigeante du parti démocrate. Rien ne me paraît plus faux, Hillary Clinton a les mains (néo-coloniales) pleines du sang des peuples qui ont refusé l'impérialisme. Quant au Nobel de la paix du président Obama, mieux vaut ne pas le confronter au réel...
Les massacres néo-coloniaux au nom des droits de l'homme restent des massacres.
CB
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